Myriam Ditta, adhérente des Jardins partagés, a souhaité envoyer à l'association Vivre la Plaine de l'Abbaye une copie de son courrier adressé à madame Blandine Arnaud, conseillère municipale chargée de l'agriculture dans la Plaine de l'Abbaye. Vous trouverez ci-après ce courrier, puis la réponse de Valérie Guillemot, présidente Vivre la Plaine de l'Abbaye, et enfin le courriel de Myriam Ditta répondant à Valérie Guillemot.
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DESTINATAIRE : Association Vivre la Plaine de l'Abbaye
Madame
Veuillez trouver ci-après un courrier que Myriam Ditta, adhérente-jardinière de notre association, souhaite partager avec vous, suite à l'article paru dans le Dauphiné libéré-Vaucluse matin du 17 avril 2021. Depuis 10 ans, grâce à l'implication commune de la municipalité et de "Vivre la plaine de l'abbaye", "les jardins de la plaine" cultivent une terre dans le plus grand respect environnemental d'où nos inquiétudes et interrogations sur les pratiques agricoles alentours. En vous remerciant de bien vouloir prêter attention à nos préoccupations, nous vous souhaitons une très belle journée. Cordialement. Pour le bureau des Jardins partagés : A. Le Bars
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Myriam DITTA Villeneuve les Avignon, 21 avril 2021
Jardinière
Adhérente à l'Association
Les jardins partagés de la
Plaine de l'Abbaye
Madame Blandine ARNAUD
Conseillère municipale
Agriculture, agroalimentaire
Plaine de l'Abbaye
Objet : Activité agricole sur la Plaine de l'Abbaye/Etat des lieux et évolutions
Madame,
J'ai pris connaissance avec intérêt de l'article paru récemment dans la presse locale (Le Dauphiné libéré Vaucluse-Matin du 17 avril 2021), dans lequel vous exprimez votre attachement à la Plaine de l'Abbaye et votre « volonté d'accompagner l'installation de nouveaux agriculteurs » sur ce site qui compte aujourd'hui moins de dix exploitations et accueille depuis 2011 « les jardins partagés de la Plaine de l'Abbaye », grâce à la mobilisation conjointe de l'association Vivre la Plaine de l'Abbaye et de l'équipe municipale en place.
Votre souhait d'acquisition de foncier agricole en vue d'offrir des parcelles en location à de futurs candidats à une agriculture de qualité privilégiant, dans le cadre de projets pérennes, la vente locale de produits estampillés « Plaine de l'Abbaye » ne peut que nous réjouir.
La production de produits labellisés « bio » par notre voisin maraîcher Monsieur Etienne Coulibali, sur des parcelles mitoyennes avec nos jardins partagés et plus récemment la poursuite de l'activité des « Jardins d'ici et maintenant » par Lorin Garcia, successeur de Luca Montellier, sont ainsi autant d'orientations allant dans le sens d'une prise en compte de l'urgence climatique imposant de nouveaux modèles agricoles soucieux de la préservation de nos sols, de la ressource en eau autant que des habitats naturels, refuges de biodiversité. Ce sont là les principes contenus dans la Charte de nos jardins partagés que chaque jardinier s'engage à respecter.
Pourtant, nous le constatons et le déplorons, l'activité agricole sur le site de la Plaine de l'Abbaye ne répond pas encore dans son intégralité, loin s'en faut, à ces exigences vitales pour le maintien d'une biodiversité garantissant un environnement de qualité aux personnes et à l'ensemble des espèces vivantes qui le constituent. En guise d'exemple : la regrettable destruction, au cours de ces dernières années de nombreuses haies et d'îlots entiers de végétation arbustive en bordure ou au sein de terres agricoles longeant, sur plusieurs hectares, la rive gauche du contre-canal de la Plaine de l'Abbaye. L'arrachage volontaire de ces haies et autres espaces arborés, par leurs propriétaires est calamiteux, à l'heure où les recommandations des scientifiques, des naturalistes et d'un nombre croissant de professionnels du secteur vont dans le sens d'une replantation de végétaux arbustifs intra-parcellaires.
Nous nous interrogeons par ailleurs sur la qualité de l'eau que nous prélevons pour l'arrosage de nos jardins : comment en effet ignorer les impacts environnementaux avérés des traitements fongicides et insecticides systémiques, produits très persistants et à fort potentiel de lessivage, appliqués directement, à proximité de nos jardins, aux semences ou aux plantes en cours de croissance ? Sans parler de leur impact sur les insectes pollinisateurs…
Ces préoccupations nous conduisent à accueillir avec bienveillance toute initiative visant à inciter les agriculteurs « conventionnels » en activité sur la Plaine de l'Abbaye à réorienter leurs pratiques vers des modes d'exploitation garantissant une saine cohabitation entre maraîchers, arboriculteurs, céréaliers et jardiniers. Dans cette perspective, votre appel à projets pour « une agriculture de qualité dans la Plaine de l'Abbaye » nous semble une intéressante initiative. Elle devra pour ce faire être assortie de dispositifs d'incitation attractifs permettant d'accélérer le processus de conversion des exploitations de type « conventionnel » existantes et de donner tout sons sens au rayonnement d'une agriculture locale, avec la diffusion de produits labellisés et « estampillés Plaine de l'Abbaye » que vous suggérez. Ces orientations conforteraient en effet les choix privilégiés jusqu'ici par la Ville (jardins familiaux, mise à disposition de terrains pour de jeunes agriculteurs, approvisionnement des cantines scolaires en produits bio et locaux…) et qui vous honorent. Un nombre croissant de communes en France a ainsi d'ores et déjà affirmé son engagement en faveur de l'interdiction de pesticides et de la promotion de l'agriculture biologique via la restauration collective.
Nous demeurons confiants en votre détermination à poursuivre les actions en cours et vous encourageons à les compléter par de nouvelles initiatives en direction du secteur agricole sur le territoire de votre commune, lesquelles devraient trouver la place qui leur revient dans le cadre de l'élaboration du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) de la Communauté d'Agglomération du Grand Avignon.
Croyez, Madame, à l'assurance de ma respectueuse considération.
Myriam Ditta
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Bonjour,
Vous avez eu l'amabilité de nous tenir informés du courrier rédigé par Myriam Ditta, et adressé par votre association partenaire à Blandine Arnaud, élue municipale.
Ce courrier a retenu toute notre attention, et notre association Vivre la Plaine de l'Abbaye partage les points de vue que vous y développez.
Comme vous le savez, l'association des Jardins Partagés est née suite à un travail de plusieurs années mené par notre association, et effectivement, nous avions eu à cœur, dans cette création, d'inscrire plusieurs orientations dans les statuts et la charte, notamment l'intergénérationnel, la mixité sociale, et le respect de l'environnement. Toutes ces dernières années, nous avons pu nous réjouir du respect de cet engagement environnemental auquel nous sommes attachés pour la Plaine de l'Abbaye.
Comme vous, nous sommes conscients des difficultés à garantir sur l'ensemble de la Plaine de l'Abbaye cette prise en compte.
Il nous semble que la contrainte ne peut être une bonne option, notamment pour des professionnels pour qui la transition et les changements de pratique peuvent sembler uniquement coûteux ; seule une concertation qui laisse place à la compréhension et à la prise en compte des enjeux des différents acteurs pourrait probablement ouvrir à une évolution des situations que vous regrettez, regrets auxquels nous nous associons.
C'est pourquoi nous restons ouverts aussi bien évidemment à toute réflexion, action, qui pourra permettre d'avancer constructivement dans ce sens.
Merci pour votre initiative. Bien sincèrement,
Pour l'association Vivre la Plaine de l'Abbaye
Valérie Guillemot
Présidente
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Merci Madame Guillemot, pour votre réaction. Oui, je vous rejoins tout à fait : la conversion à des pratiques agricoles non néfastes pour l'environnement, à défaut d'une prise de conscience immédiate émanant des acteurs agricoles "conventionnels" ne peut passer que par des stratégies d'approche privilégiant le dialogue tout en rappelant les impacts environnementaux de certaines pratiques et l'importance de prendre en compte l'intérêt général dans un contexte d'urgence climatique.
Merci aussi pour vos initiatives au sein de Vivre la Plaine.
Bien cordialement à vous
Myriam Ditta
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