Dimanche 18 et samedi 24 octobre
animées par David Lenoir
Le temps était radieux lors de ces deux demi-journées de promenade dans la Plaine. Parfaites journées automnales, lumineuses et calmes. Il nous a été très difficile de résumer toutes les informations dont nous a fait part David Lenoir pendant ces deux heures. Tous les participants, dont certains connaissaient bien la Plaine de l'Abbaye et l'histoire de Villeneuve, sont restés attentifs tout au long du chemin. Les connaissances transmises par David ne se sont pas limitées à l'état actuel de la Plaine. Il nous a parlé de l'évolution de la ville, en la replaçant dans le contexte historique et en y ajoutant des anecdotes locales.
Voici pêle-mêle quelques informations retenues de cette manifestation.
Le point de départ de la balade était fort judicieusement le Rocher de Saluces (où se trouve la monté de la Tour), avec évocation de ses anciens palais et de la tour Philippe le Bel, située en tête du pont St Bénezet.
Au 19è siècle, la section du contre-canal à partir de la tour Philippe le Bel est la " station balnéaire " de Villeneuve : plage, joutes sur le fleuve et fêtes dansantes avec les ginguettes. A cet endroit, on longe également les restes de la digue en terre du 18è siècle - preuve que de tous temps, les Villeneuvois ont essayé de se protéger des inondations du Rhône.
Évocation de l'exploitation du gravier, du temps des fours à chaux, des briqueteries, du chemin de halage et de toutes les retombées économiques sur la cité.
Puisque située sur le fleuve, Villeneuve a profité de l'activité engendrée par la batellerie. Toutes sortes de marchandises lourdes et volumineuses étaient transportées dans d'énormes embarcations : gravier, bois, matériaux de construction, céréales, etc. Comme au Canada, les troncs des arbres étaient rassemblés et descendaient le fleuve sous la forme de grands radeaux.
La plupart des bateliers étaient des savoyards – de solides gaillards - d'où l'origine du nom du Chemin de la Savoye. La batellerie a décliné avec l'apparition de la navigation à vapeur et des modifications apportées au courant du Rhône.
Résumé des travaux successifs d'endiguement du fleuve et de leurs incidences sur les exploitants et les habitants de la Plaine. Plusieurs permutations entre le bras vif et le bras mort, soit côté Villeneuve, soit côté Avignon. Missions de la CNR, créée en 1933.
Les épidémies, notamment la malaria, ont marqué l'histoire de la ville. En 1776, un cas grave de paludisme a même eu une notoriété mondiale car elle a marqué le début de la médecine moderne. A cette occasion, on a procédé à une véritable étude scientifique en établissant des statistiques, tentant de déterminer les causes possibles des décès, les remèdes qui marchaient (prescription de la quinine, désinfection des rues), etc. Intervention de la Société royale de médecine et de chirurgiens et médecins soucieux de la santé publique.
Le chemin des bas-fonds tire son nom du bas-fond, point bas où les eaux croupissaient.
Le chemin de la Seigneurette est nommé d'après le chirurgien-major au fort St André, le docteur Seignieuret.
L'Abbaye St André était extrêmement riche ; elle possédait beaucoup de terre et un grand nombre de prieurés dépendait d'elle. Les abbés n'accordaient donc pas beaucoup d'intérêt à leurs propriétés dans la Plaine. Ainsi, le roi Louis XIV à fait valoir le droit de régale en cas de vacance du siège abbatial.
Vu les risques d'inondation, peu de mas et d'habitations ont été construits dans la Plaine. Toutefois, il subsiste un certain nombre de bâtisses, comme le mas de Bourbon, édifié sur " l'ile de Bourbon ", mentionnée sur les cartes anciennes. Ce mas remonterait au moins au début du 18è siècle et il constitue toujours un point haut dans la Plaine (niveau de la piscine actuelle). Présence de magnaneries au 18è siècle. La Plaine était couverte de broutières. L'exploitation agricole n'est arrivée qu'au 19è siècle, avec l'assèchement progressif des marécages par le creusement de petits canaux (roubines) et l'endiguement du Rhône.
Après le départ des papes et des cardinaux, après le déclin de la batellerie sur le fleuve, c'est le temps du maraichage, des vergers, céréales, vignes et autres cultures qui ont apporté une autre prospérité à Villeneuve. Pour assécher les marécages, les Villeneuvois ont fait venir des Camarguais, qui avaient l'habitude de travailler sur ce genre de terrain.
Actuellement, il ne reste plus qu'une seule vigne dans la Plaine. Beaucoup de vergers sont à l'abandon parce qu'ils ne sont plus rentables. Mais de nouvelles formes de culture ont commencé à s'implanter : exploitations en agriculture biologique, cultures céréalières, jardins potagers partagés. Peut-être un avenir prometteur pour ce magnifique espace naturel périurbain…
Annie Almuneau, Pascale Crépet
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